DE L'ART DE VISITER UNE EXPO..

Les français sont de plus en plus nombreux à courir les expositions, et ont une préférence pour la peinture, titre Le Figaro récemment. Mais dit-on que ces visiteurs enjoués sont de grands bavards ? Oui, le constat est là : les gens parlent bruyamment dans les expositions de peinture. Sont-ils là pour admirer les oeuvres ou pour passer un « bon moment » ? Telle est la question de ce début mai.

L'exposition est en tant que telle est un vecteur de transmission d'un savoir, une occasion de voir de ses yeux les oeuvres d'art, un moment de recueillement face à la vérité de la toile, une promenade dans le temps, l'espace d'une rencontre, souvent unique. En effet, on ne revoit que très rarement dans une même vie la même exposition, les œuvres étant souvent issues de collections privées. Alors pourquoi y donner rendez-vous pour y discuter avec des amies ? Pourquoi pas dans un café, sur un banc public ? Pour « mêler l'utile à l'agréable », diraient certains, pour « faire une marche culturelle », pour « être vu », pour ajouter telle expo à son catalogue personnel de sorties culturelles, pour discuter au sec par temps de pluie, pour dire « oh mon dieu quelle expo magnifique, sans avoir aucun intérêt pour la peinture, pour se « frotter à l'art », cette énigmatique activité ?

A l'expo Edvard Munch à la Pinacothèque de Paris, il y avait un niveau sonore tel, qu'il était difficile de visiter l'expo tranquillement, même un matin en semaine, m'a-t-on rapporté. De plus la capacité du lieu étant réduite, on se frôle plus que l'on n'observe ! Dommage pour la qualité même de la visite, car l'anti-cri est un hommage à un autre Munch, celui qui peignait ses sujets, « après les avoir vu, et non pas en les regardant », un anti conformiste, anti impressionniste (les nordiques ont toujours eu cela de fascinant d'être avant-gardistes, même au 17^ème siècle, et résolument modernes). Doit-on faire une anti-expo, anti-cri dans le sens littéral, avec vigiles épinglant les trop bavards !

Moi-même, j'ai été choquée de voir dans certaines grandes expo des personnes passer à côté des œuvres incontournables, et s'asseoir sur les banquettes pour discuter une demie heure ou parler au téléphone.. Une exposition n'est pas un hall de gare, où l'on circule en groupe, en attendant une autre destination. Elle EST la destination, elle n'est pas un lieu de passage. Car une partie de soi y demeure, encore faut-il être sensible à l'art. Elle est un moment de transition entre la vraie vie, notre vie, et celle d'un autre nommé artiste peintre. Elle nous permet de rentrer en contact avec un monde fait de silence et de matière. Elle demande le silence ou l'impose et sollicite le plus grand respect. Les grands amateurs de peinture sont très silencieux, et prennent leur temps, respectent le fameux cercle de distance nécessaire à la bonne vision d'une toile, plissent les yeux, pour mieux percevoir la lumière, avant de juger la composition, le dessin, les couleurs, le volumes, ou les perspectives, et goûtent à la joie d'être seul face à l'œuvre. Ces amateurs là n'auraient jamais l'idée de discuter entre deux toiles, car c'est en solitaire que l'on observe, et que l'on savoure le travail de l'artiste. Comment regarder une toile et en saisir toutes les finesses, dans un hall de gare ? On ne « se fait pas une toile », comme on irait au cinéma ! Un Rubens, un Picasso, un Vermeer, demandent beaucoup d'énergie intérieure au visiteur amateur qui se dira « vidé », et « transporté » à la sortie de l'expo. Car il est là pour ressentir du plaisir de l'émotion, de la considération. Car regarder la peinture, c'est prendre son temps, le contraire de cette foule pas du tout sentimentale, ni en quête d'idéal, qui se pressent dans les expo, au son des sms, ou des emails, ou des dernières confidences collectées lors de dîners en ville..

 

« La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir, et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir »

Léonard de Vinci

Crédit Photo : SIPA/ Le Figaro

 

 

MERCI SERGE ANTON !

Buffet campagnard bio, ambiance festive et beau linge, tel était les notes légères du vernissage du début de saison « Human Design » Serge Anton au concept Store Merci samedi soir.

Le lieu, grandiose, se prêtait à merveille à l'exposition des portraits géants du peuple Berbère, sorte de toiles photographiques, posées en patchwork, offrant ces visages burinés, touchants et presque vivants, côtoyant des objets de la vie quotidienne et éléments d'architecture venant d'Amérique du sud, ou d'Afrique : calebasses, mortiers, tables sculptées par le temps. Il s'agit ici de développer un lien temporel entre les objets et l'image, de plonger dans ces expressions d'un autre monde, ces traces du temps enfin retrouvé..et rendu éternel.

Serge Anton, d'une nature discrète, et d'une grande humilité, se prêtait généreusement aux questions des invités, et vous imposait, malgré sa grande expérience, un regard vif et adolescent. Engagé dans l'association cœur de gazelle, il orne le lieu de portraits de Berbère réalisés lors de sa participation aux caravanes humanitaires lors des dernières éditions du Rallye Aïcha des Gazelles, périple féminin aux portes du Sahara. Ces portraits sont aussi le support d'un calendrier perpétuel, à l'édition luxueuse.

Merci, sorte d'anti-Colette, concept store solidaire nouveau genre, grandement plébiscité par les media lors de son ouverture en mars 2009, a été crée par Marie-France Cohen, ancienne directrice de Bonpoint. Les bénéfices, tirés de la vente d'objets de déco chinés, ou de créations de grands noms de la mode à des prix réduits, sont reversés à une fondation soutenant les femmes et les enfants malgaches. La boutique, anciennement maison des tissus Braquenier et Frey, a tout pour plaire, dans un esprit loft, et l'on se met facilement à rêver y organiser des soirées ou tout simplement y vivre ! Orné d'un café librairie, d'une cantine et d'un fleuriste, tout ici est pensé dans un esprit soft, vrai et équitable, dans tous les sens du terme. Une occasion d'y retourner dans un esprit de découverte et de partage. Quelle belle rencontre et quelle soirée rafraîchissante..

Serge Anton est un photographe belge, mais aussi un décorateur et un directeur artistique talentueux, sillonne le monde et publie ses portraits, reportages déco, natures mortes dans de prestigieux magazines, tels Architectural digest, La Libre-Essentielle, Connaissance des Arts, Marie-Claire, Paris-Match, ..

Crédit photo : Serge Anton

 

 

 

DESIGNR-RDV BRUXELLES 2009, UN MARCHE DE NOEL PAS COMME LES AUTRES

     

IN BED WITH DESIGNERS !

 

Que d'ambiance au White Hotel à Bruxelles ce dernier week-end lors du Designr-Rdv! Des milliers de visiteurs se sont pressés Avenue Louise, pour admirer les produits de plus de 50 créateurs et designers. Un marché de Noël New Look, à surveiller de près. Toujours à l'écoute des tendances, Tika, votre envoyée spéciale, vous livre ses coups de cœurs et photos.

Pendant 3 jours et deux nuits, les créateurs exposent et vendent leurs produits.. dans leur chambre ! Un concept original et très convivial pour cette 4^èmeédition du Designr-Rdv, et un riche aperçu de la création belge et internationale. Mode, design, bijoux, accessoires, déco, tout est accessible. Les créateurs sont disponibles pour vous faire découvrir leur travail, dans le cadre de leur chambre spécialement customisée. Cette année le thème Spicy Imperial nous a emmené vers l'Inde, le Japon, ou même Hong-Kong. D'ailleurs, une édition du Designr-Rdv s'est déroulée à Hong-Kong fin novembre 2009.

Qu'il était doux de se promener un verre à la main dans cet hôtel très contemporain, entièrement privatisé à l'occasion. Ambiance Spicy & Lounge au bar lors du cocktail d'inauguration vendredi soir, avec défilé de Mode de Daniele Bossi, dégustation de thé Spice Imperial de la 7^èmeTasse et de chocolats épicés du Zaabär. D'une chambre à une autre, l'esprit et la déco changent. Sans parler des chambres sonorisées. En effet, chambre 42, Vo+ & Tellme mixaient pour nous offrir une séquence très Party time, chambre 12, bande son Good karma, et encens chez Fromwear.

 

   

De g. à dr., I. Azaïs, Fromwear, D. Lila

 

Tika sélection :

Isabelle Azaïs, des collections de bijoux contemporains en cuir, délicats et intemporels. Focus sur les petites fleurs, à usages multiples, pouvant aussi habiller vos chaussures.

Fromwear, bijoux et sacs à main, Japan chic et European bourgeois bohème*, dans un esprit très couture. Focus sur les sac Purse, faits de brocards japonais, ornés de délicates fleurs en cuir.

Dominique Lila, « une fille en pull » toute douce, des pulls, doudous, plaids, en alpaga, un univers à embrasser. Focus sur les coussins assortis aux doudous.

Martine Hermans-Frisvold, bijoux effet « skin and soul », l'argent ou l'or au service des lignes de la main ou des empreintes du corps. Focus sur les bagues et colliers argent et corail blanc.

Mark Van Gennip, robes et créations en soie, façon motif ininterrompu. Focus sur la ligne « Ink storm (tempête d'encre) sur robe ou top.

Kim Van Gennip, sa soeur, artiste photographe, pour ses photos montages entre bitume et floral, poésie urbaine et germes chlorophyle. Focus sur les patchwork Hongkongais très city & green.

Toutes les infos sur les créateurs sur Designr-Rdv

Et tant d'autres talents. Rendez-vous l'année prochaine..

* European Bourgeois Bohème : le EuroBoBo, nouveau concept Tika. Etre européen dans ses choix, chic, un peu bourgeois, et très bohème.. tout un poème..

(Crédit photo : Tika)

PARIS PHOTO, LE PAYS DU BEAU

 

Paris Photo, une Tika sélection :

 

      

 

Loretta Lux, galerie G. Torsh, est allemande et vit à Monaco. Coup de cœur depuis Paris Photo 2005, ses portraits d'enfants surréalistes, aux visages artistiquement redimensionnés, nous renvoient au peintures du XVIème  siècle, au visages de Vélasquez. Quand le talent aboutit au maniérisme numérique !

 

  

 

Alex Prager, galerie Michael Hoppen, une américaine habitant Los Angeles, qui photographie comme Hitchcock filme, expose la femme comme on peint une Madone..

   

Qiu Yang, galerie Van Zoetendaal, né à Pékin, vit à Amsterdam, c'est réaliste, drôle, piquant, comme cette cravate qui tombe à pic !

      

Jeff Brouws, galerie Robert Mann, né à San Francisco, paysage urbain délabré, fait de voiture et de carcasses, ça craque, l'herbe folle pousse, on écoute le vent..

     

Marc Montméat, gagnant du concours SFR Jeunes Talents, vit à Angoulême, œuvre de lumières rubaines, où l'individu ou la brique compose avec ses reflets..

FRANCOISE NIELLY A LA FOLIE

Aux galeries Lafayette, on trouve tout, et au GL Maison rayon cadres, que vois-je? Le visage de Barack Obama peint par Françoise Nielly, notre artiste-peintre bien aimée ! (voir mon post du 15.02.09 dans cette même rubrique). Non, pas d'original dans ce temple de la consommation, mais un exemplaire en tirage limité, et signé. Telles sont les lois qu'impose la digigraphie. Au détour du corner Atelier contemporain trône une reproduction à un prix abordable, environ 600 Euros. Il s'agit d'un service de reproduction d'oeuvre d'art. Intéressant quand on a pas les moyens d'aborder l'oeuvre originale. Mais j'ai quelques regrets à voir une si belle oeuvre exposée de la sorte. Il faudra que je lui demande l'intérêt de la chose.. bien que je ne sois absolument par contre la démocratisation de l'art, et non pas sa reproduction illimitée, mais limitée. Notons les artistes reproduits luxueusement par l'Atelier contemporain : Melle Bulle, ses formes pop et ultra féminines, et son fort joli site, Philippe Matine, et ses vues urbaines surréalistes, Sophie griotto, et ces femmes urbaines et évanescentes, et tant d'autres créateurs à découvrir.

Cela dit, joyeux admirateurs,

courrez la contempler à la Galerie Menouar,

car en vrai, c'est spectaculaire !

Françoise Nielly expose "Les Diaboliques"

du 27 novembre 2009 au 10 janvier 2010 à la Galerie Menouar

16, rue du parc Royal 75003 Paris