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Laurence anyways, une vie faite de briques blanches

Cycle Xavier Dolan.... Les mots sont les briques qui construisent "Laurence anyways", roses ou blanches, il faut choisir ! Une version très personnelle de ce grand film d'amour by Styl is Tika.  

 

Laurence anyways est le troisième film réalisé par Xavier Dolan. Pour moi, c’est la deuxième « expérience Dolan » après Mommy. Pourquoi en parler maintenant alors qu’il date de 2012?

Parce que la transsexualité, le thème annoncé du film, ne m’attirait pas. Parce que j’avais peur de faire machine arrière et d’être déçue, après l’éblouissement provoqué par Mommy. Parce que Melvil Poupeau ne suscitait pas d’émotion en moi. Parce qu’avant de voir Mommy, je ne connaissais pas Suzanne Clément.

Parce que je suis dans un cycle Dolan, c’est ainsi. Parce que son nouveau film « Juste la fin du monde » sort le 21 septembre. Parce qu’il est temps de l’affirmer haut et fort car beaucoup de gens l’ignorent : Laurence anyways est un des plus grands films d’amour de tous les temps.

Parce que les mots du film sont capitaux, et qu’il est temps de le dire.

 

Laurence anyways, juste un très grand film d’amour.

 

Peut-être que Xavier Dolan a aimé passionnément les films de Sydney Pollack (Out of Africa, Tootsie, Nos plus belles années, …), car il a cette même inspiration, à être au plus près de ses personnages, à les filmer de l’intérieur. Et surtout à créer une intimité extraordinaire entre le spectateur et leur histoire. Il a réussi à bâtir une fresque amoureuse sur près de 10 ans. Ou plutôt une cathédrale ! Grandiose. Brique après brique, la légende se construit sous nos yeux ébahis. Dolan est un maitre du son, de l’image, du ralenti. Ce fameux ralenti que les journalistes nomment l’esprit clip. Moi, je donne à ces images le nom d’instants de l’âme. Melvil Poupeau est une redécouverte et Suzanne Clément est une révélation en premier rôle.

 

S’habiller en femme, what else !  

 

Melvil Poupeau, alias Laurence Alia, annonce un à sa petite amie, Fred Belair (les prénoms en disent long) qu’il veut devenir une femme, et qu’il l’a toujours été. Tout s’écroule. Mais l’amour fait qu’elle s’accroche. Elle décide de vivre cette évolution avec lui. Même si elle a des doutes : « Qui aimer, si tu rejettes l’homme que j’aime chez toi ? » dit-elle très justement. Du jour au lendemain, il s’habille en femme, lui qui est grand, mince, avec une stature d’homme. C’est une scène d’anthologie au lycée quand il traverse le couloir dans son tailleur vert (années 90).

 

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Aimer, c’est accepter l’autre même si l’on ne comprend pas.

 

Il l’annonce à sa mère, qui ne comprend pas. Nathalie Baye est majestueuse dans le rôle d’une mère, autant prisonnière de ses croyances que de sa vie. Il tient bon. C’est son destin. Il sera femme et ira jusqu’au bout de sa transformation. Peu importe le temps que ça prendra. Réunion, séparations, larmes, affrontements, réconciliations, Dolan calibre sans jamais d’excès les rapports mère-fils, ou doit-on dire, mère-fille.

 

Un seul mot peut changer le cours d’une vie.

 

Il est professeur de littérature, et poète à ses heures. Au début du film, il reçoit un prix de poésie. Il a du succès, il est dans son statut social. Les briques de sa vie sont en place.

Il ne le restera pas, victime du jugement des autres. Il continuera l’écriture, sa vraie raison de vivre. Il aime les mots, et il l’aime, elle. Mais la vie les sépare, elle aimait trop l’homme qui est en lui et pas assez la femme.

La vie passe. Il écrit. Il publie le recueil de poésie dont il a toujours rêvé. Il a envie de la retrouver, elle, désormais femme mariée et mère de famille. 10 ans ont passé. Rien qu’un mot, un seul, peut tout faire basculer. Ce mot est écrit dans le recueil qu’elle a entre les mains sur son canapé dernier cri. Autre séquence d’anthologie avec cette cascade d’émotion qui déferle sur Fred.

Les mots sont leur lien, et c’est indestructible. Elle s’ennuie dans cette vie. Il se sait, même avant d’écrire ce livre.

Elle lit :

« Les saisons tombent des arbres

Son dos dort contre une peau de pêche tranquille

Elle habite un lieu qui a mal à l’espoir

Où notre passé dort à la porte comme un petit animal

Dans sa maison de briques blanches

ON A PEINT DE ROSE UN ENDROIT,

PENSANT RENDRE SERVICE A L’ENNUI. »

 

En amour il y a toujours un prix à payer.

 

Sur la façade de sa maison, une seule brique rose parmi les autres briques blanches. Elle est là. Elle est comme une envie dans un grand lac d’ennui. Peut-être qu’une vie ne se bâtit pas, elle se rêve ?

Après ces mots, rien ne sera plus jamais comme avant. La joie, l’échappée belle à l’île au Noir, l’amour renaît de ses cendres. Incroyable. Les mots, qui sont le reflet de leur intimité, jamais filmée, toujours supposée. Les mots, et leur force considérable. Les mots encore que Xavier Dolan insuffle tout au long du film par le choix d’une Bande originale fabuleuse, comme toujours. Cure, Kim Carnes, Duran Duran Depeche Mode, Moderat côtoient Tchaïkovski ou Beethoven avec élégance.

 

 

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Dolan construit une cathédrale à chaque film.

 

Mais j’en ai peut-être trop dit. Assez pour vous donner l’envie de vivre cette histoire comme si c’était la vôtre, l’œil rivé à l’écran, pendant près de trois heures. Et pas assez, car je ne vous révèlerai pas la fin, qui vous prend à la gorge avec la voix grave de Paul Buchanan, sur une musique de Graig Amstrong*, ni les scènes les plus importantes du film, qui sont loin d’être des clips bien lisses. Je ne dirai rien non plus sur le génie, l’humour, la délicatesse, la malice, la pudeur, l’éloquence, la minutie, ou la grandeur d’âme de Xavier Dolan a mis dans ce film…

 

Trouvez votre brique rose.

 

N’allez surtout pas voir la bande annonce sur Internet, ni quoi que ce soit. Achetez une séance, rien que pour vous, ou partagez là, mais sélectionnez bien la personne avec qui vous le ferez, car les mots de Dolan vont vous lier à vie.

Je souhaitais rendre hommage à ce film d'amour majestueux avec mes propres mots. Styl is Tika, anyways.

 

*Album « The space between us » sorti en 1997, qui comprend le très connu « This love ».

A noter : Laurence anyways, sélection officielle au festival de Cannes 2012 en catégorie « Un certain regard ».

 

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