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Dans le bureau de Charlotte Perriand

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Charlotte Perriand, grande prêtresse de l’architecture d’intérieur moderne, a vécu 96 ans, sa vie a parcouru tout le XXème siècle, étant née en 1903. Au Petit Palais, voici une expo qui donne le vertige, elle se veut biographique, elle est empirique. Elle ouvre le spectre. Charlotte Perriand, créatrice, illustratrice, designer, et le plus important, photographe. La femme au centre de l’œuvre !

 

L’habitat minimum, la recherche en dessin et architecture industriel, aménagement et équipement collectif, son travail est protéiforme, et d’une modernité intemporelle.

charlotte perriand, petit palais, jacques barsacUne heure de vernissage avec Charlotte Perriand, ou comment visiter son monde en accéléré !

Nous voici au cœur de sa créativité : la photo, qui a structuré, inspiré son travail. Nous démarrons avec un parcours du mobilier posé en « résonance » avec les collections permanentes du musée, qui est un peu incongru, l’expo dans l’expo n’étant pas aisée à parcourir, on s’arrête cependant sur ses collages, notamment les plus symboliques, comme ceux réalisés avec Fernand Léger pour le pavillon du ministère de l’agriculture à l’exposition internationale de 1937. N’oublions pas que C.P. était une femme engagée aux côtés du Front populaire, et que le photomontage qu’elle invente l’aide à exprimer ses idées engagées.

 

Le hall Jacqueau est le cœur de l’expo, les photos de C.P. sont mises en valeur, notons sa période japonaise, présentée en vitrine comme un petit cabinet de curiosités, émouvant et ravissant. Cette partie présente quatre thèmes, tous fondateurs dans son oeuvre : la démarche constructive ; l’objet trouvé dans la nature ou "l’art brut" ; la montagne ; l’arbre et la terre. Ce qui frappe, c’est de voir une série de bibliothèques et mobiliers de rangement très fonctionnels, fer de lance d’une grande marque suédoise bien connue ! Sauf que les matériaux sont plus nobles ! Charlotte Perriand a travaillé dès sa vingtaine pour l’atelier d’architecture Le Corbusier, et Pierre Jeanneret. Toutes les œuvres issues de ce cabinet ont influencé le travail d’une multitude de designers dans le monde. Ce qui frappe aussi c’est la modernité de ses créations. Effet de mode, mise en scène soignée, les années 30 rejoignent les années 2010.

11_Table_Eventail_1972cAChP_ADAGP2011_[1].jpgLa partie sur « l’art brut » est très esthétique et très révélatrice de l’influence réciproque entre Fernand Léger, Le Corbusier, et Charlotte Perriand. Il s’agit de photos d’objets trouvés dans la nature, crâne d’oiseaux, bois flotté, pierres érodées, les leçons de la nature influencent sa création, dès les années 30, elle ajoute le bois à la palette de ses matériaux et crééles tables « forme libre », asymétriques. Dans son atelier de Montparnasse, elle photographie ses objets sur des fonds noirs, et leur donne un statut d’œuvres d’art. Mère nature célébrée, c’est une nouvelle attitude à l’époque.

Des photos de son intérieur, des meubles créés pour son espace privé ornent le hall. Une impression « d’étalage » des objets de sa vie nous traverse. Car on y trouve aussi des photos buste nu, face aux montagnes (la photo d’illustration du dépliant de l’expo !). Femme libérée, oui. Aurait-elle aimé cette façon d’exposer sa vie ? Telle est la question.

 

charlotte perriand, petit palais, jacques barsacUn espace Cassina clôture l’expo, éditeur des meubles Charlotte Perriand. Des fauteuils « grand confort » réédités sont mis à disposition du public, permettent de se relaxer. On peut même entendre des soupirs de contentement dès que les visiteurs s’asseyent !

 

 

Charlotte Perriand était une femme de caractère, très sportive, athlétique, inspirée, vivante et vibrante. Toute l’exposition transpire de cette énergie débordante. Ses photos, dessins, mobiliers, nous présentent La femme créatrice, plutôt que le designer.  On a une impression d’intimité, de proximité durant ce voyage très actuel. Or c’était il y a 80 ans !

 

Charlotte Perriand, 1903-1999 - De la photographie au design

Musée du Petit Palais, Paris - Du 7 avril au 18 septembre 2011

Exposition réalisée en collaboration avec le Musée Nicéphore Niépce, le Museum für Gestaltung Zürich et les archives Charlotte Perriand.

 

A voir : Son ultime création de 1993, "La maison de thé" est reconstituée au Bon Marché, une bonne idée pour clôturer votre visite. Du 9 avril au 11 juin 2011.

 

9788874395491[1].jpgA lire : Les oeuvres de Jacques Barsac, commissaire de l’expo, sur son œuvre comme « Charlotte Perriand, un art d’habiter », paru en 2005. Mais surtout le très bel ouvrage « Charlotte Perriand et la photographie, l’art en éventail », qui vient de paraître.

 

 

 

 

Crédits photos : centre georges pompidou.fr expo de 2006, Charlotte Perriand, 1974. Photographie Pernette Perriand-Barsac et Jacques Barsac/AChP © AChP 2005 ;  © F.L.C. / Adagp, Paris 2007

Lien permanent Catégories : Tika loves Art 1 commentaire Pin it!

Commentaires

  • Une créatrice majeure, (trop) longtemps dans l'ombre de Le Corbusier.
    Sa modernité et son élégance me laissent toujours sans voix. Je garde un souvenir ému de la rétrospective de son travail à Beaubourg, il y a quelques temps déjà.
    Cet article m'a donné envie de lire "L'oeil en éventail"... Merci !

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