Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

bertrand blier

  • COMBIEN TU M'AIMES, DE BERTRAND BLIER : LA SIMULATION DU BONHEUR

    11123931960Monica_Bellucci027[1].jpgJ’ai acheté ma place pour aller voir Le bruit des glaçons de Bertrand Blier, tout comme je l’ai fait pour Combien tu m’aimes il y a cinq ans. Et j’ai écrit un texte que j’aimerai vous faire partager. Nous sommes en 2005 et Styl is Tika n’existait pas . Voici un regard sensible et bien personnel sur ce film hautement théâtral et digne d’un opéra !  

    De quel film rêve-t-on quand on achète sa place ? Du film évasion, du film émotion, du film abandon ? Combien tu m’aimes traverse tous les genres, et vous offre un ticket pour un abandon total du quotidien, ainsi que le vôtre.

    Quand on va au théâtre, on s’assoit, le rideau se lève, on est prêt pour une « représentation », une mise en scène soignée, on l’a choisie pour ça, on aime les acteurs à l’avance, on en connaît les codes, le jeu, on est au « spectacle ». Quand on achète son ticket pour Combien tu m’aimes, on croit acheter une place de cinéma pour de la détente, du bien-être, on est curieux de ce Bernard Campan, on est avide de cette Monica Bellucci, on veut en ressortir heureux, c’est tout. Le fait est que l’on est sans projet précis. On ne sait plus rêver, ou on ne veut plus rêver. Or, cette place n’est ni une « air de repos », ni un « salon de passage », elle vaut de l’or. Pourquoi ? Elle offre du rêve, de l’absolu, comme on aimerait bien en vivre, au moins une fois dans sa vie. Oui, Combien tu m’aimes ne s’achète pas, il se rêve.

    Bertrand Blier, ne l’oublions pas, est acteur, réalisateur et dialoguiste. Il cultive le secret des maîtres de l’image et du mot qui tentent de réunir en une seule œuvre toutes les qualités de l’esprit universel. Il réinvente le mouvement photographique. Il rêve son œuvre en mêlant la fresque à l’huile, le cliché instantané, - la commedia dell’arte : Monica Belluci est statique, et se livre au jeu des masques, mais ses yeux bougent pour elle, - l’opéra classique : Monica est muette, mais son corps chante pour nous, - l’opéra comique, l’opérette, la comédie de boulevard. Il nous invite au théâtre, même s’il n’en a pas le projet, où le verbe se fait comédien, fait chanter ses acteurs, face à la caméra, dérange les conventions filmiques, pour nous inviter dans une errance onirique. Et nous, on y croit ! Le rêve peint un sourire sur l’écran de nos lèvres du début jusqu’à la fin. Il nous propose un subtil jeu de lumière et de verbe entre les protagonistes : l’homme se croyant ordinaire face à la femme, véritable bombe humaine, qu’il veut exceptionnelle. Blier teinte, au travers du huit clos, de la maison close, du lit défait offert à tous, et de la pluie qui fait jouir, de la simulation du bonheur, le fil de nos émotions des couleurs de l’amour. Nos deux acteurs, magnifiques, nous invitent-ils à croire que le sexe, et le culte du corps sont les meilleurs compagnons de route dans la recherche du bonheur ? Simuler le bonheur, comme simuler le sexe, pour ne pas être asservi ? Croire en un amour sincère, basé sur une mauvaise distribution des rôles. C’est ce que Bertrand Blier voudrait nous faire croire. Nous, nous n’y croyons pas. On veut juste rêver d’un homme, simple, qui se fait chercheur en amour meilleur. Le reste de la distribution, surprenante et efficace, vous aidera à trouver les réponses.

     

    Blier a voulu un film qui colle à la peau, un film dont on ne se déshabille pas.

     

    Combien tu m’aimes, sorti en 2005 de Bertrand Blier avec Monica Belluci, Bernard Campan, Gérard Depardieu, Jean-Pierre Daroussin, Edouard Bear, Sarah Forestier, Farida Rahouadj,.. 

    Plus d'infos sur cinemovies.com, ou sur allocine.com

     

    Lire également ma critique Le bruit des glaçons, ça freeze la mort, dans cette même rubrique.

     

     

                                         Paff1579166589[1].jpg       G6394372344413[1].jpg

     

    Crédits photos : contraalliance.com , cinemovies.fr

     

     

    Lien permanent Catégories : Tika fait son cinéma 2 commentaires Pin it!
  • Le bruit des glaçons, ça freeze la mort !

    le-bruit-des-glacons-de-bertrand-blier-4779790zazgw_1731[1].jpg   le-bruit-des-glacons-11-4779798ddfrs_1798[1].jpg

     

    Dans un chaud froid réjouissant, Bertrand Blier est de retour, et se renouvelle. Il a de la bouteille et ça se voit ! Le bruit des glaçons, c’est deux mesures de dérision, une dernière de vérité humaine, le tout « shaké » en mode désillusion. Le bruit des glaçons normalement associé aux festivités est ici synonyme de la longue dégradation d’un homme fâché avec la vie. La mort va donc frapper à sa porte, et le surprendre.

    Un jour, on ouvre sa porte à la maladie. On ne sait pas pourquoi. Ici c’est une tumeur qui sonne. On résiste, on fuit, on se bat, mais elle s’incruste. C’est Albert Dupontel et grand forme lui aussi, et bien trop rare au cinéma, qui se charge de donner à la tumeur un tempo, un souffle humanisé, un bruit dans l’oreille d’un Jean Dujardin, écrivain désenchanté, à qui le Goncourt a souri, mais dont l’inspiration trop arrosée, a fait fuir femme et enfant. Le décor est planté non pas en studio, mais dans une villa du sud de la France, isolée, fermée. Le huit clos douzième degré peut démarrer, et il ne nous déçoit pas, tout en finesse, de beaux dialogues, une interprétation parfaite, le nouveau duo du cinéma français fonctionne. Ce nouveau cocktail, décapant, c’est les « Du-Du », pour Dujardin et Dupontel. Nous ne sommes pas proches des De-De (Depardieu et Dewaere), mais on n’en est pas si loin que ça. Les valseuses planent, il y a comme une odeur de Buffet froid, et les Combien je t’aime fusent. Aucune comparaison n’est possible avec le Blier des années 70, et 80. Mais cette sauce là a du corps, et un petit fond de blanc, qui nous empêche de broyer du noir pendant une heure de demie. On ne sent pas la maladie, on la visite !

    Ici on donne dans l’efficacité, Albert Dupontel, tel un ressort désopilant, et presque trop vivant se livre à un corps à corps avec sa proie. En costume trois pièces, hirsute, il est l’énergie alors que Jean vise le mou, le triste. Cela dit, les deux protagonistes se déshabillant et finissant en caleçon frôlent une égalité virile remarquable! Et on ne vous dit rien sur tout ce qui se passe dans le lit..

    Pas une minute de répit pour cette victime d’une tumeur maligne qui ne pense qu’à libérer ses métastases et bien faire son travail. Que nous reste-t-il quand la maladie nous ronge ? L’amour, la famille, un dernier combat ? L’amour c’est Louisa, interprétée par la formidable Anne Alvaro*, on est très loin du cliché sexy habituel de la bonne. Ici tout est maturité, dévotion, sentiments secrets et regards en biais. Louisa sera la rémission sentimentale, et s’opposera de toutes ses forces à la mort. On ne vous dit rien sur la bataille. La famille c’est un fils (Emile Berling), qui revient embrasser un père pour la dernière fois, le dernier combat, c’est tordre le cou à la tumeur, et au destin.

    Nous voici à l’opposé d’une Rencontre avec Joe Black, où Brad Pitt poursuit Antony Hopkins, et manie la crise cardiaque mieux que personne, exhibant un regard d’ange, et seulement. Nous sommes dans une fable où les vérités sont toutes bonnes à dire et où la tumeur n’est pas celle qu’on croit. Quant à Jean Dujardin, la mort lui va si bien !

     

    Les phrases qui tuent :

    « C’est très bien de tuer des gens, moi par exemple, imaginez si je reste vivant, qu’est ce que je vais devenir, un vieux connard, un trou du cul, bon pour l’Académie ! »

    « Des emmerdes oui, mais pas toutes les emmerdes ! »

    « Parlez poliment sinon je vous fais un pancréas, c’est très rapide un pancréas ! »

     

    Un petit concours de titre ?

    Saluons au passage le titre de la critique de Thomas Sotinel dans Le Monde :

     « Le bruit des glaçons, plus oportun, tumeur » 

     

    Commençons :   

    Le bruit des glaçons : un chaud froid irrésistible 

    Le bruit des glaçons : plus fatal, tumeur

    Le bruit des glaçons : la mort cul sec

    Le bruit des glaçons : ça refroidit

    Le bruit des glaçons : tumeur ou pas ?

    Chers internautes d’autres titres à proposer ? A vous de jouer.

     

    Le bruit des glaçons, de Betrand Blier

    Avec Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro, Myriam Boyer, Emile Berling, Audrey Dana

     

    * Souvenez-vous de Anne Alvaro, actrice de théâtre et de cinéma. Bel hommage à cet immense talent fait par Biler. Anne Alvaro, c’est la délicate et profonde prof d’anglais de Jean Pierre Bacri dans Le goût des autres de Agnès Jaoui.

    Lien permanent Catégories : Tika fait son cinéma 2 commentaires Pin it!