Mars 2021, une conférence très attendue sur la position de l'homme dans son environnement.
"PARTIES DE CAMPAGNE", UNE EXPO OU SLOW RIME AVEC BEAU
L’exposition « Parties de Campagne » au Musée de la toile de Jouy, à Jouy en Josas, propose un regard original sur l’univers des jardins et de la campagne du XVIII et XIXème siècle à travers les toiles imprimées, de Jouy ou d’autres manufactures. Une façon de voyager dans le temps grâce à ces précieuses étoffes, véritables photographies d’une époque.
Plus qu’une exposition, c’est un concept. Restauration des tissus, édition d’un livre, d’un service en porcelaine par Gien, boutique, nuit européenne des musées, ateliers, conférences, le Musée de la toile de Jouy a déployé ses talents, accompagné de nombreux partenaires pour faire de ce projet une réussite. Styl is Tika est ravie d'avoir été conviée à une visite privée de cette expo si slow. Car après tout, après la slow food, ou le slow design, n'y aurait-il pas la slow culture ?
Le concept de « Parties de Campagne » mixe aux 200 toiles présentées par le Musée même, ou prêtées par des collectionneurs privés, une vingtaine de livres relatifs au jardin ou à la botanique, une trentaine d’outils agricoles, et de jardinage. L'occasion de redécouvrir aussi les toiles composées à partir des dessins de Jean-Babptiste Huet (1745-1811), le plus grand dessinateur de la manufacture d'Oberkampf. A ceci s’ajoute l’exceptionnelle scénographie du célèbre décorateur créateur Philippe Model, et vous avez ce que j’appelle une « expo coup de cœur ». Au passage, le titre de l’expo, un hommage au film de Jean Renoir « Une partie de campagne » sorti en 1936 ? Ou aux tableaux de maîtres. Titre évocateur, en effet.
Dès l’entrée du musée, tous les amoureux du XVIIIème siècle seront charmés par l’ambiance surannée de la Boutique Oberkampf, véritable niche à trésors où la toile de Jouy règne en maître et se décline à l’infini ; du salon de thé, ou du patio, entièrement repeint par la talentueuse palette de Philippe Model.
Crédits : Joël Laiter
Tout est calme, luxe et volupté
Le patio passé, l’entrée de l’exposition se cache derrière un rideau. Traversant ce paravent mouvant, nous sommes pris par les effluves de parfums de roses, délicatement présentés sur une console, concoctés par l’Osmothèque, conservatoire international des parfums à Versailles. A peine arrivé derrière le rideau, c’est comme si ce dernier s’était levé pour donner place à une représentation théâtralisée. En effet, l’exposition, dans une pénombre voulue afin de préserver les tissus, nous emporte dans un mystérieux voyage dans le temps sur une scène imaginée à l’occasion.
Sur un chemin de verdure, nous évoluons de pièces en pièces, et traversons toutes les thématiques chères à la toile de Jouy.
L’ambiance est particulière, nous donnant la sensation d’être privilégiés. En effet, ces toiles de Jouy, pour beaucoup plus que centenaires, exposées ici sont très fragiles. « Elles retourneront aux archives pendant au moins huit ans, avant d’en ressortir », aux dires d’Anne de Thoisy-Dallem, conservatrice du Musée. D’où l’intérêt de vous précipiter au château de l’Eglantine pour goûter à cette partie de campagne au cours de cet été indien.
Six thèmes nous guident dans ce parcours-promenade : Le paradis floral, Conter fleurette, S’amuser, Les quatre saisons, Chasse et pêche, et Architectures et mobiliers de jardin. Et chaque thème est sujet à une mise en scène évoquant les jardins à la française ou à l’anglaise : bosquet fait de bois sculpté, gloriette, ou encore escarpolette. On ne sait où le tissu commence ou se finit, tant le décor se fond dans les étoffes, qui prennent leur place de façon naturelle dans cet écrin si romantique.
Le paradis floral perdu
L’Inde et la Perse inspirent ces motifs. A l’époque ces toiles, nommées "indiennes", étaient importées par les vaisseaux des compagnies des Indes. Entrelacs fleuris, vases, oiseaux, paniers fleuris, ornent les toiles, mais nous bénéficions de planches illustrées de la Redouté, ou de Buc’hoz. La colonisation est active et les européens gagnent à porter des tenues moins chaudes. Coup de cœur pour la présentation « sous globe » de délicats caracos imprimés de fleurs de Lys.
Crédits : Styl is Tika
Crédits : Styl is Tika
Conter fleurette sur l’escarpolette
Notons ici la charmante reproduction de l’escarpolette, clin d’œil à la scène galante du tableau Les hasards heureux de l'escarpolette de Fragonard. Qui n’a jamais dormi dans une chambre faite de toile de Jouy où bergers et bergères se content fleurette ? Enfant, je regardais avec précision ces motifs et étais séduite par la grâce et les histoires cachées par ces scènes. C’est peut être de là que vient mon goût pour ces tissus. A cette époque la mode est au retour à la nature, prôné par Jean-Jacques Rousseau. Les scènes galantes s’inspirent des peintres à la mode comme Watteau, Lancret, Fragonard, ou Boucher, et nous offrent un spectacle raffiné. A voir de si près et à pénétrer du regard ces tissu précieux, l’esprit s’aventure à mettre en mouvement tous ces petits personnages de la vie quotidienne. Plus que la photographie d’un moment d’histoire, un vrai documentaire !
Crédits : Styl is Tika
S’amuser au jardin
Les jardins des villes, comme le parc Monceau, les allées des champs Elysées, ou le jardin des Tuileries offrent des divertissements comme le colin-maillard, pique-nique, parties de volants, ou de boules. Les fêtes de campagne, fêtes religieuses, les banquets, occupent aussi la toile. On s’amuse, et il est très touchant de voir, comme dans un livre ouvert les multiples détails charmants de ces séquences de vie.
Il est très important de visiter cette exposition lentement, de renouer avec le slow. Notons la petite montgolfière suspendue avec distinction par Philippe Model au milieu de ces buissons de bois ! Conter fleurette, et s’amuser, vaste programme !
Crédits : Styl is Tika
Les quatre saisons, sans Vivaldi !
Danses autour de l’arbre de Mai, les travaux des champs, les saisons sont prétextes à montrer les activités agricoles, moissons, vendanges, cueillette des pommes, des cerises. Une petite musique retentit tout de même à nous oreilles, à la vue de tant de joie , n’est-ce pas le chant des oiseaux ?
Chasse et pêche, sans canne ni fusil
Ces « toiles de cinéma » sont une véritable anthologie de la chasse, chasse à courre, de la vénerie, ou fauconnerie, comme Diane Chasseresse, déesse romaine emblématique de cette activité.
Crédits : Styl is Tika
Architectures et jardin, du « design » très XVIIIème
De pittoresques édifices, dont les « folies », fleurissent dans les parcs et jardins à la fin du XVIIIème et du XIXème siècle, selon que la mode est à l’antiquité (pyramide, templion, obélisques), aux divinités naturelles (grottes, rocailles), ou à l’universalité (pagode, maison chinoise, ponts de rochers, tentes turques). Le hameau de la reine à Versailles est un bon exemple. Ces constructions visent à organiser, structurer les paysages, et en révèlent l’harmonie d’une nature domptée, ou bien participent à un chemin de pensée plus philosophique.
Nous reviendrons dans ce blog sur l’art des jardins prochainement. Car la culture se cultive aussi !
L’exposition « Parties de campagne » est à l’image de son Musée, un voyage à travers les lumières, qu’elles soient artistiques, créatives, philosophiques, intellectuelles, actuelles ou passées, une expo vraiment à part qui mérite un petit tour du côté de Versailles. Allez-y les yeux fermés, ils s’ouvrions à la vue de tant de beautés..
Plus d’infos :
Le concept « Parties de campagne »
La boutique Oberkampf, sous la direction de Marie-Pierre Barberousse. Un lieu unique où la toile de Joy est déclinée sous toutes les formes, des bottes de jardinage, au pendentif..
Création pour le Musée de la toile de Jouy d’une ligne exclusive de faïence « Les délices des quatre saisons » par la Réunion des Musées nationaux et la manufacture de Gien, qui est présentée à la boutique.
Publication d’un ouvrage « Parties de campagne - Jardins et champs dans la toile imprimée, XVIIIe-XIXe siècles », inspiré de l’exposition, en deux volumes et en édition limitée par Soferic Editions sous la direction d’Anne de Thoisy-Dallem (également conservatrice du Musée de la Toile de Jouy), préfacé par Alain BARATON - jardinier en chef du Grand Trianon et du parc du Château de Versailles . Egalement disponible en livre-appli sur IPad. Nous attirons votre attention sur ce bel ouvrage, dont l’iconographie est très soignée, et qui est très documenté.
La serre horticole de Joël Paubel, une serre customisée par l’artiste des motifs Les plaisirs de la campagne de Jean-Baptiste Huet.
Philippe Model, chef d’orchestre-scénographe de la manifestation, est un créateur multi-talents, décorateur, styliste, conseiller artistique, concepteur d’images de marque. Souvenons-nous des délicieux petits chapeaux de paille aux défilés Christian Lacroix, et bien nous avons plaisir à les retrouver sur les mannequins de Parties de campagne !
Je vous conseille si vous aimez la déco, ses ouvrages : « Les papiers peints », ou « Les couleurs », ou « Style et récup ».
Le Musée, l’histoire de la manufacture d’Oberkampf, partenaires, ateliers, conférences, consultez le site.
Exposition « Parties de campagne - Jardins et champs dans la toile imprimée XVIIIe-XIXe siècles» au Musée de la Toile de Jouy, nouvellement prolongée jusqu’au 03 janvier 2012, en raison de son succès.
A Jouy en Josas (78350), château de l’Eglantine. Du mar au dim de 11h à 18h.
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