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GHOST WRITER, QUAND L'ENCRE NOIRE VIRE AU ROUGE SANG

Méfiez-vous de la femme de pouvoir qui se cache derrière l'homme au pouvoir ! La nuance est très subtile et vous est expliquée dans le dernier film de Roman Polanski, Ghost Writer.

Adapté d'un roman de Robert Harris s'inspirant de la vie de Tony Blair et ses rapports troubles avec la guerre d'Irak, on découvre ici un film sombre, lent, loin d'être haletant mais suffisamment concentré dans les scènes d'inaction pour nous tenir en haleine pendant plus de deux heures. Le diamant brut de ce film est Ewan Mc Gregor, dévoilant un visage très séduisant, et surtout une finesse de jeu jusque là non révélée. Ghost Writer est le rôle de sa vie. Il est le pivot de cet échiquier du mal, où se croisent un ex Premier ministre, Pierce Brosnan, en petite forme, manipulateur, une assistante au brushing hitchcokien, la sexy Kim Katral (Sex & The City), ici à contre-emploi, et en enfin la femme du ministre, la délicate Olivia Williams (Sixième Sens, Peter Pan), blanche colombe aux serres démesurées. La distribution n'est donc pas parfaite, mais le regard surfe sur ce détail pour s'appesantir sur les yeux bleus de cet écrivain nègre et néanmoins fantôme, pris au piège, forcé de finir cette biographie commandée inachevée par son prédécesseur mystérieusement assassiné.

Le vent souffle fort sur l'île de Wineyard, au large de New York, refuge des fortunés, servant d'exil au ministre. La mer est déchaînée, et les vagues vont crescendo. La solitude est de rigueur pour l'écrivain, enfermé dans l'écriture, tout autant que dans sa chambre, dans une demeure ressemblant plus à un blockhaus, qu'à une résidence d'été. Le vent accompagne le cheminement de cet écrivaillon doué, lancé malgré lui dans sa propre enquête, qui va le mener droit dans les mâchoires tranchantes du pouvoir. Saluons la performance de Tom Wilkinson. Ewan Mc Gregor est le pion d'une manipulation politique, dont les secrets coûtent cher. L'homme au pouvoir n'est pas celui qu'on croit, l'intrigue anglo-saxonne est quelque peu difficile à cerner dans ses détails pour un public français, quelque lenteurs sont aussi du jeu, mais le démêlage de l'intrigue tantôt à coup de peigne ou de fer brûlant mené de main de maître par Polanski est chronométré et très maîtrisé, avec une fin aussi déchaînée que le vent..

 

The Ghost Writter, de Roman Polanski. Avec : Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall, Olivia Williams, Tom Wilkinson, Jon Bernthal, Tim Preece, James Belushi, Timothy Hutton, Anna Botting, Tim Faraday...

En savoir plus  : sur le site de Première

Lien permanent Catégories : Tika fait son cinéma 2 commentaires Pin it!

Commentaires

  • Etrange atmosphère en effet dans ce polar déroutant aux contours sinueux... Même le légendaire flegme très British n'y résiste pas...

  • Merci Stylka pour cette juste critique. Le film relève effectivement les relations troubles qui li(rai)ent depuis des décennies les gouvernements anglais et américains. Mais je ne peux pas en dire plus , de peur de disparaitre dans les heures qui viennent :-)

    Les femmes tirent les ficelles, on en sait qq chose hein ?! ;-)

    Je relève aussi dans ce film cette maison , ce bunker , à l'image de l'ile, où le béton cotoie le sable, et le métal le bois des herbes folles de la plage voisine.

    Pauvre jardinier qui comme seul jardin n'a qu'une immense dune à entretenir. Pauvre majordome qui s'evertue à nettoyer cette terrasse, pendant que Mc Gregor tente, lui, de comprendre et nettoyer (?) le passé de son commanditaire.

    Et ce ciel gris béton lui aussi tout au long du film. Fabuleux !

    Cela me remémore ce poeme spleen de Baudelaire

    Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
    Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
    Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
    Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

    Quand la terre est changée en un cachot humide,
    Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
    S'en va battant les murs de son aile timide
    Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

    Quand la pluie étalant ses immenses traînées
    D'une vaste prison imite les barreaux,
    Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
    Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

    Des cloches tout à coup sautent avec furie
    Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
    Ainsi que des esprits errants et sans patrie
    Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

    - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
    Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
    Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
    Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.


    En guise de drapeau, le personnage joué par Mc Gregor, verra-t-il l'Union Jack orner son cerceuil ?

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